Celine Elias à l'écrit

Celine Elias à l'écrit

Voter mais pour quoi et pour qui ?

L'actualité s'y prêtant, je vais aborder ici pour l'une des toutes premières fois, un sujet sur lequel je m'étends de plus en plus ailleurs : la politique !

 

Ah la politique ! J'ai commencé à m'y intéresser au printemps 1974 quand on colla des affiches de François Mitterrand devant la maison. Comme je ne veux offenser personne, je ne dirai donc pas ce que j'en avais pensé. Mais, dès lors, j'ai fait mes premières armes dans ce monde cruel où les hommes ont l'air de loups pour les hommes.

Puis, en 1981, j'étais alors une adolescente anti tout et quand la France a chanté et dansé la victoire de la Rose, par esprit de contradiction, j'ai boudé. Et j'ai boudé pendant très longtemps. Très très longtemps. En 1986, j'ai voté pour la première fois lors des législatives. Forte du succès de la majorité qui me semblait la plus à même de nous conduire au mieux vers demain, j'ai voté de nouveau en 1988. J'avais opté pour Raymond Barre. Lui, je l'aimais bien. Même en jeans (cf : les Guignols) !!! C'était un économiste de grand talent et de grande valeur humaine. Un peu comme le sont Alain Juppé (pour la Droite) et Jacques Delors, Michel Rocard ou Dominique Strauss-Kahn (pour la Gauche).

Or, en 1988, j'ai perdu. Et j'ai piqué une GROSSE colère. Si je parviens à retrouver ce que j'avais écrit à l'époque et à le scanner, je vous montrerai ça. Puis, le temps a passé et....

Je vous explique d'abord pourquoi je suis une abstentionniste régulière avant d'engager la discussion vers ce qui pourra en fâcher certains ? Ok.

Je fais partie des abstentionnistes récidivistes qui plus est !
J'ai souvent d'excellentes raisons pour cela : je déménage toujours en janvier ou février. Et la dernière chose à laquelle je pense en m'installant quelque part, c'est bien d'aller m'inscrire sur des listes électorales. Je l'avoue humblement, je ne suis pas une citoyenne modèle, loin s'en faut.

Pourtant, j'ose me croire une citoyenne impliquée et concernée - je ne serais pas là si tel n'était pas le cas - quand des élections ont lieu et que je n'ai pas pu y participer. Je ne fais pas partie des déçus. Je fais partie de ces gens qui entendent les discours, qui les écoutent attentivement même, mais qui n'y croient plus vraiment. Trop de distance entre les pouvoirs - y compris locaux - en place et la vie de tous les jours. Pas de temps à perdre souvent pour en discuter. Et puis, les discours sont souvent les mêmes. On prend les mêmes thèmes et on tourne autour de nos idées pour en faire des campagnes sensées récupérer des brebis égarées.

Je me suis égarée pour la première fois en 1988. La réélection de François Mitterrand m'a parue être un danger potentiel pour l'avenir. Alors je me suis insurgée, du haut de mes 21 ans, en silence, en catimini, car personne n'entendait alors ce que je pouvais dire.

Aujourd'hui, alors que je n'ai pas voté depuis fort longtemps - déménagements fréquents obligent - je me dis que j'ai sans doute loupé quelque chose. J'étais à Paris en 2007. Dans le XVIIIème arrondissement. Je vivais dans des conditions TRES précaires et j'avais le siège de l'UMP en bas de l'immeuble lors de l'élection présidentielle. J'ai fêté ça avec eux.
Quelques semaines plus tard, il y eut les législatives. Je ne pouvais toujours pas voter car arrivée à Paris le 28 janvier 2007. J'étais dans un quartier proche de la Mairie du XVIIIème, où tous les QG de campagne - ou presque - se regroupaient. J'ai observé les uns, j'ai participé aux campagnes des autres car, connaissant un peu mieux les éligibles, ça m'amusait et je me disais qu'ils ne pourraient pas être de pires représentants que ceux qui ne se déplacent jamais à l'Assemblée. J'ai participé à ma façon pour certains. Mais je n'ai pas voté.

Par voie de conséquence, je me suis longtemps abstenue de commentaires sur la politique. Je ne me sentais pas le droit de venir "ramener ma fraise", comme on dit, alors que je n'avais pas fait ce qu'il fallait pour en avoir la légitimité.

Aujourd'hui, c'est différent. D'abord parce que j'estime que mon opinion non votante peut expliquer pas mal de choses. Croyez-moi, si j'avais été plus convaincue, j'aurais fait des pieds et des mains pour mettre des bulletins dans des urnes !
J'ai des convictions politiques profondes et, je l'espère, fondées sur des choses concrètes. Toutefois, je me refuse à adhérer à un parti politique. Quel qu'il soit.

Pour autant, si je pouvais aller voter dimanche, je crois que…en dépit de bien des choses, je n'arriverais pas à voter pour Alain Rousset (un homme bien, d'après ce que j'en sais, et qui semble efficace dans la région) parce que je ne veux pas donner ma voix à une récupération nationale. Mon problème à moi c'est que je suis fondamentalement libérale, fondamentalement démocrate, et que le PS me donne des boutons d'herpès. En dehors de quelques rares représentants (déjà cités plus haut), je ne les aime pas. Ils sont creux, vides, et ne surfent que sur le passé. Leurs propositions pour demain sur le plan national sont quasiment inexistantes. Or, sur le plan local, ils s'en sortent souvent bien.

Peut-on dès lors envisager une vision de la République différente de ce qu'elle propose actuellement ?

Quid de la décentralisation des pouvoirs. A trop vouloir décentraliser, l'Etat n'a-t-il pas perdu de sa crédibilité ? Car dès qu'il essaye de reprendre en main les choses, on l'accuse de tous les maux.

Enfin, la montée des extrêmes me fiche la trouille. Je l'avais prévue en 1988 quand personne ne me croyait.
Ainsi que je l'ai dit par ailleurs, il serait sans doute temps pour les républicains convaincus, ceux qui croient encore en l'humain sous toutes ses acceptions démocratiques, de s'allier avec d'improbables amis pour contrer les extrêmes. Toutes les extrêmes.

Le bât blesse actuellement. Il blesse là où les politiciens ont tous perdu leurs électeurs. Il blesse parce que leurs discours ne sont que politiques et pas assez proches des gens. Ils devraient écouter plus et parler moins. Ca peut aider. Parfois.

 

Mais admettons que tout ceci ne soit que discussion stérile et que la montée en puissance des extrêmes ne soit qu'une façon de mettre le trouillomètre à zéro à tous les abstentionnistes républicains et démocrates (aux USA, les deux mots côte à côte feraient hurler !!!) afin qu'ils se bougent les fesses pour revenir dans le droit chemin.

 

On se retrouvera donc dimanche soir (le 21 mars 2010) avec des régions toutes roses (ou presque). Certaines seront roses et teintées de vert. L'association des deux couleurs peut-être jolie dans le paysage. C'est très printannier, vous ne trouvez pas ?

Dimanche soir - à l'image de ce qui se passa dimanche passé -, les électeurs du PS auront le sourire, pensant qu'ils seront parvenus à se faire entendre par les urnes. A faire entendre leur anti-sarkozisme. Car, hélas, la récupération nationale de ce résultat régional est inévitable. Même à Droite, il me semble évident que les rangs se sont dispersés et qu'on entend des voix dissidentes parmi le troupeau. Je sais que les régions sont en général bien gérées par la Gauche.

Mais qu'en est-il lorsque l'on donne un pouvoir plus national à cette même Gauche ? N'oublions pas les échecs récents et le prix à payer pour ces échecs, auxquels se sont rajoutés les effets de la crise économique et financière.

 

Je ne suis pas prophète ni conseillère politique. Je peux juste dire qu'à la place du Président Sarkozy, je commencerais à en avoir plein les bottes de cette situation où, quoi que l'on entende dans les médias, il est toujours décrié et coupable de tous les maux. A sa place, je me déciderais à dissoudre l'Assemblée et ainsi provoquer des Législatives et, quitte à devoir subir une nouvelle cohabitation, je laisserais les socialistes montrer ce qu'ils savent et peuvent faire face aux problèmes actuels. De ce que j'en ai vu jusqu'à présent, les socialistes ont toujours été très bons à gérer le quotidien mais nuls quand il s'agissait de prévoir demain. La preuve en est qu'à chaque fois qu'ils ont gouverné, ils ont perdu les élections suivantes.

Aussi, dans l'optique de 2012, si j'étais Nicolas Sarkozy, je dirais aux socialistes : "voici l'opportunité pour vous de démontrer que vous pouvez sauver le pays ! On vous laisse les clés ! Amusez-vous bien !!!" et j'attendrais patiemment ce qui ne manquerait pas d'arriver, avec pour conséquence ma réélection.

A quoi bon se battre quand il suffit de laisser les autres le faire ? Jacques Chirac avait bien compris cela. Et comme la Gauche est totalement incapable de jouer sur la durée, incapable aussi, depuis Mitterrand, de fournir des candidats sérieux, des projets compatibles avec le monde REEL, des programmes ambitieux et réalisables (je pense encore avec amusement aux 101 propositions de François Mitterrand...j'en ris toujours, vous savez ?), c'est tout bénef pour la Droite.

 

Ceux que je plains le plus, dans tout ça, ce sont les sympathisants socialistes qui croient vraiment que leur mouvement peut devenir l'avenir de l'Homme. J'aimerais y croire aussi si le monde était différent. On peut rêver dans des tas de domaines. Quand on rêve en politique, c'est dangereux. Cela peut s'avérer catastrophique. En politique plus qu'ailleurs, il faut composer avec le monde qui nous entoure avant de faire valoir nos idéaux.

 

Alors je sais bien que mes amis de Gauche vont hurler en lisant tout ceci. Je vais avoir droit à des mesures punitives (au moins !!!) mais bien qu'appréciant beaucoup leurs idées, je n'aime pas particulièrement ce qu'ils veulent en faire, ni les raccourcis qu'ils prennent. De plus, j'ai toujours été libérale et je le serai sans doute toujours. Libérale ET sociale. Pour reprendre ce qu'avait répondu Giscard à Mitterrand : "vous n'avez pas le monopole du coeur". Je suis totalement et définitivement convaincue qu'on ne peut aider personne sans argent. Or, pour avoir de l'argent, il faut....etc, etc, etc...

 

Ce sera un autre débat, une prochaine fois.



17/03/2010
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