Celine Elias à l'écrit

Celine Elias à l'écrit

A propos de la crise économique...

Nous sommes le mardi 18 novembre 2008 et quand je regarde par les velux de mon appartement, je ne vois que le ciel gris et bas. Un vrai temps d'automne. Les arbres au loin ont déjà perdu leurs jolies couleurs et se dénudent plus vite que certaines filles de joie. Un soufflet de vent d'ouest et les voici effeuillés.

Je n'aime pas novembre. Avec le mois de mars, c'est sans doute le mois que j'aime le moins dans l'année. Il nous fait entrer dans l'hiver quand mars n'en finit plus de nous y faire stagner. Les journées sont courtes et quand le temps est gris, on allume les lumières à 17h. Pour moi qui n'aime que le soleil et les longues soirées estivales où l'on peut vivre dehors ou tout grand ouvert, je me fais l'effet d'une marmotte qui attend le mois d'avril pour retrouver de l'oxygène et de la liberté.

Le temps est gris, l'humeur de mes compatriotes ne l'est pas moins.

La récession économique mondiale fait peur bien plus qu'elle ne le devrait. Car, soyons logiques : celui qui était riche avant ne risque pas de l'être moins demain. Et ceux qui étaient pauvres avant, ne le seront pas moins non plus demain. La seule donnée essentielle réside en la faculté des acteurs économiques à ne pas sombrer dans le marasme et à en juguler les effets par des prises de risques que l'on peut calculer si l'on part du principe que l'économie mondiale de ces dernières décennies fut uniquement basée sur des spéculations boursières aussi virtuelles que pernicieuses.

Trop de libéralisme a tué le libéralisme. Trop de social a tué le social. Pourquoi personne n'a jamais songé que le trop était, par définition, excessif et qu'il engendrait indubitablement des problèmes ? Tout le monde sait pourtant que trop manger rend obèse, que trop fumer rend malade, que trop boire rend alcoolique, que trop dépenser rend pauvre, que trop économiser rend frustré, que trop rouler vite rend dangereux (c'est du moins ce qui se dit...), que trop aimer rend dépendant, que trop haïr rend amer, etc...

Comment expliquer dès lors que l'on a laissé le trop spéculer diriger le monde ? Pour le fun ? Pour l'illusion d'être riche en jonglant avec des capitaux virtuels ? Toutefois, ces capitaux virtuels ne sont pas issus de nulle part. Ils sont la résultante de facteurs humains. Du PDG d'une entreprise à ceux qu'il emploie, tous les acteurs réels sont aujourd'hui victimes de tractations virtuelles menées par des acteurs qui ne se soucient jamais de l'aspect humain de leurs spéculations.

Je suis une libérale dans l'âme. Mais une libérale française, avec quelques neurones et quelques notions d'économie. Si Keynes fit des adeptes parmi les économistes du siècle dernier et essentiellement à tendance sociale, il déclina par ses démonstrations tous les dangers auxquels nous devons aujourd'hui faire face. En France, nos politiciens de ces dernières années ont essayé de jongler avec les théories de Keynes adaptées au temps présent, en créant une économie des conventions dont les concepts me semblent, à titre personnel, assez flous.

La France n'est plus un fleuron d'innovation depuis belle lurette en matière de politique ou d'économie...La France suit un mouvement qu'elle avait pourtant initié en 1789, en mettant en place les bases de la démocratie. Car enfin, qu'est-ce que la démocratie sinon le pouvoir qu'a le peuple de décider de qui va le diriger ? Depuis quand n'avons-nous pas décidé de qui nous dirigerait ? Je ne vous parle pas des hommes placés au sommet du pouvoir étatique, mais de ceux qui détiennent le vrai pouvoir, celui de l'argent. Tout a filé entre les doigts de la démocratie et nul n'a su ou n'a pu contrôler les excès qui en ont découlé.

Et aujourd'hui, que voit-on ? Les Américains sont tellement acculés qu'ils pensent sérieusement à nationnaliser partiellement les banques et quelques grosses entreprises. L'Europe leur emboîtera le pas.

Cependant, j'aimerais quand même savoir si nos pays ont les reins assez solides pour investir dans des gouffres financiers et si non, qui payera la facture et sous quelle forme ? Un Etat qui met des deniers qu'il n'a pas quelque part va devoir aller les puiser ailleurs, non ? J'invite en ce cas tous les acteurs économiques que nous sommes à s'interroger sur l'état de nos richesses actuelles. Et si l'on me dit qu'on va prendre aux riches pour sauver le monde, il faut s'attendre à ce que je rétorque qu'à trop prendre aux riches, on finit par en faire des pauvres. S'il faut tirer tout le monde vers le bas, on ne s'en sortira pas.

Par contre, décider de concert une dévaluation des monnaies en expliquant aux magnats du pétrôle qu'ils doivent aussi faire un effort pour relancer l'économie mondiale - car si leurs prix restent ce qu'ils sont, qui, demain, aura encore assez d'argent pour leur acheter leur or noir ? -, tout le monde peut peut-être y gagner quelque chose. C'est ce que fit Hitler en 1933, il me semble. Il avait dévalué le Mark et toute l'économie de son pays se relança. C'est la seule chose qu'il fit de bien....

Quant au pouvoir du pétrôle, j'ai cru comprendre que nous avons des solutions alternatives qui seraient, de surcroît, plus écologiques. Nous les avons depuis longtemps mais...les relations économico-politiques internationales et les intérêts mis en jeu pèsent encore trop lourd dans la balance.

Alors, forcément, tout ce que je viens d'écrire est un peu brouillon, pas assez fouillé car je n'ai fait qu'émettre des suites d'idées peu ou pas ordonnancées. J'écris en live et je développe si besoin est ensuite. Pardon pour ce pavé semé...d'embûches :-). Il m'arrive parfois d'avoir envie de parler de choses sérieuses et de me souvenir que pendant mes études je fus plutôt brillante et assidue en économie politique. Bien plus qu'en Droit, d'ailleurs.

Maintenant, les palabres du G20 seront-ils suivis d'effets et d'actions ? Pour l'heure, il faut l'espérer mais rien de ce qui en est sorti le week-end dernier ne semble porter les Bourses à la hausse. Peut-être parce que rien n'a vraiment été décidé de bien concret, non ? On dirait que le monde est suspendu à l'investiture du 44ème Président des Etats-Unis qui aura lieu le 20 janvier prochain. Puisse Obama répondre aux inombrables attentes que son élection a engendrées.

Tout ceci m'agace prodigieusement. L'attentisme m'étouffe (ne suis-je pas réputée pour mon manque de patience ?), les excès de prudence m'ennuient et les espoirs placés en un Messie providentiel nommé Obama me semblent à la fois puérils et naïfs.

L'Europe est plongée dans une récession inévitable. Les banques font banqueroute, les banquiers sont désorientés, les entreprises minaudent et les emplois se font rares. Mais que fait-on pour juguler tout ça en haut lieu ? On se réunit, on discute, on trouve des terrains d'entente sur des accords de principe, on fait de jolies phrases teintées de promesses, on se donne rendez-vous en avril et on laisse les choses perdurer. J'ai parfois l'impression que personne ne sait vraiment quoi faire.

Donc, soit, on attend avril. D'ici là, je conseille au monde de l'hémisphère Nord d'adopter l'attitude de la marmotte et d'hiberner car l'hiver sera rude...et pour ceux de l'hémisphère Sud, d'adopter l'attitude de l'autruche car l'été s'annonce caniculaire.



18/11/2008
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