Humour
Humour à ma sauce...méfiance !!!!!
Je me suis trompé (suite de "je ne m'aime pas")
Je me suis trompé !
Cela fait maintenant 1h30 que vous êtes là, à m'écouter sagement assis dans vos fauteuils et je dois dire que bien que vous ne soyez peut-être pas flatteurs pour moi, je suis plutôt fier de vous.
Aucun mort n'est à déplorer ce soir dans cette salle bien que certains d'entre vous, n'est-ce pas monsieur, aient été plusieurs fois morts de rire. Faites attention tout de même, vous n'avez que 7 vies et si j'ai bien fait le compte, il ne vous en reste plus que 2. Donc, si vous voulez continuer à respecter ce qui a été stipulé sur l'affiche, merci de ne pas revenir demain ou une autre fois car vous épuiseriez votre quota en mourant ici, ce qui est rigoureusement interdit.
Mathusalem a perdu son dentier et ses voisins l'en remercient. La dame qui a volé la place de notre futur ministre des Finances a cessé de gesticuler dans tous les sens, ce qui a permis à Mathusalem de rester en vie. La famille friture s'est fait prêter par la production du parfum (bon marché, je précise) et a signé de ce fait une reconnaissance de dettes. Marie-Cécile, les blondes et les Russes n'ont rien compris de toute la soirée mais notre bellâtre semble vouloir leur donner des cours particuliers. Merci à vous ! Notre fils de Mère Nature qui ne l'a pas gâté (sauf les dents) a continué de rire mais sous cape et, fait remarquable s'il en est, a pris rendez-vous avec son voisin qui est dentiste. Quant à la retardaire à la choucroute, elle est restée dans le fond de la salle.
En somme, vous avez été exemplaires. Donc, je me suis trompé. Car enfin, comment peut-on arriver à atteindre l'exemplarité en 1h30 sans en avoir au départ une certaine conscience, hein ? Vous n'êtes peut-être pas parfaits mais vous essayez au moins de vous améliorer, si ce n'est pour vous, au moins pour les autres. Afin que les autres vous aiment. Comme ils m'aiment moi. Mais moi qui suis l'incarnation même de la perfection, je ne peux plus monter en grade. Je ne peux plus m'améliorer. Et quand on est tout en haut de l'échelle humaine, savez-vous ce qu'il finit par arriver ? On redescend. Comme s'il était possible de demeurer ad vitam eternam en haut de l'Everest…Quand on parvient au sommet, la seule possibilité qui nous est donnée est d'en redescendre. De retrouver le commun des mortels. Quelle horreur !!! Je vais redevenir comme vous d'ici peu et le pire, c'est que je vais mettre moins de temps à descendre qu'il va vous en falloir pour monter à ma place. Enfin, si vous voulez tous monter sur scène, ici, vous allez être comme dans le métro aux heures de pointe. On referme le pardessus, merci !!!
Oui, je me suis trompé. Remarquez, ce n'est pas la première fois ! Je me suis souvent trompé avec des femmes. Quand je me suis épousé, il y a de ça une bonne quantité d'années, je me suis juré fidélité jusqu'à ce que la mort me sépare. Eh bien, depuis l'âge de 15 ans, pour une jupe trop courte, un sourire trop doux, parce que mes hormones se moquent éperduement de mes engagements moraux, j'ai rompu mon contrat et j'ai aimé des femmes. Oui, aimé. Dans les deux sens du terme. Et bon sang ! Garde ton pardessus fermé une bonne fois pour toutes !!! T'es chiant à la fin ! Continue comme ça et le son, tu iras le prendre dans les toilettes pour hommes !!! Ca donnera un côté peu poétique au spectacle mais au moins, les blondes, les Russes et Marie-Cécile comprendront quelque chose !
Donc, je disais que je m'étais trompé moi-même en aimant des femmes qui n'étaient pas moi, forcément. Certaines ont essayé de devenir comme moi, mais elles n'avaient pas ce qu'il faut, ni dans la tête, ni dans le….
Bon, maintenant ça suffit ! Tu files aux toilettes ! Tout de suite ! On sait tous ce que tu as dans le pantalon, merci pour nous ! A ta place, d'ailleurs, je ne le montrerais pas ! Et pas la peine de revenir demain soir….c'est relâche ! Je te promets que tu vas vite aller faire relâche aussi, toi ! Reviens quand tu seras calmé.
Est-ce qu'il y a quelqu'un dans la salle qui s'y connaisse un peu en son ? Les éleveurs d'ânes (autrement dit, les profs de Français) et de chevaux sont priés de ne pas postuler. Les maçons qui travaillent sur des murs sont également priés de s'abstenir. L'autre jour, j'en ai eu un qui a remplacé notre ingénieur qui était coincé dans le métro et il m'a dit : « je peux vous faire ça, monsieur, je suis spécialiste en mur ». Il s'appelait monsieur DUSSON et était maçon. On a fini le spectacle sur des bruits de pelleteuses, de truelles, de pioches et de bétonnière ! On se serait cru sur un chantier à la Courneuve !!! Non, là, j'aimerais….
Hey, Ducon, quand je t'ai dit d'aller aux toilettes pour faire relâche, tu n'étais pas obligé d'emmener la sono avec toi !!! Je vais me bousiller les cordes vocales, là, pour couvrir tes conneries ! Vite, parler, dire n'importe quoi mais parler sans cesse. Alors, messieurs-dames, vous connaissez l'histoire de ce type qui est sur scène, qui maltraîte tout le monde, qui s'amuse de ce qui fait pleurer d'ordinaire et qui est obligé de faire du remplissage pour éviter un scandale en fin de spectacle ? Ben cette histoire est la mienne. Parce que les CV ne mentionnent jamais les dépravations sexuelles de ceux que l'on embauche. Je vais le TUER !!! Marie-Cécile, mon enfant, imagine que tu es Alice au Pays des Merveilles et que ton ami le lapin…Pas si fort dans l'oreillette merde ! Je ne suis pas sourd !!! Oui, le lapin est un animal qui lapine. Et tu voudrais bien lapiner avec Marie-Cécile ??? Sécurité, allez récupérer ce malade aux toilettes et faites-en ce que vous voulez !!! Ramenez la sono aussi, pendant que vous y êtes !
Est-ce que quelqu'un sait jouer avec des boutons dans cette salle ???? Aidez-moi, je vous en supplie ! Promis, je ne dirai plus jamais de mal de vous. Je ne me moquerai plus de vos physiques (ingrats, il faut l'admettre), de vos odeurs et de votre intellect. Aidez-moi ! Soyez un peu indulgents ! Avouez que je vous ai fait rire depuis 1h30 ! Ca mérite bien un geste de compassion. Et si vous ne le faites pas pour moi, faites-le pour vous, pour vos enfants, pour Marie-Cécile.
Aaaaaaaaaahhhhhhhhhhh ! Le monsieur qui lève le doigt a une idée ? On vous écoute. Vous êtes dermatologue et vous vous y connaissez bien en boutons de tout genre !!! Encore un comique ! Pffff ! Allez, sérieusement, personne d'autre ? Oui, vous ? Mademoiselle ? (Je vais passer sur le fait que vous soyez blonde tellement je suis désespéré !) Vous êtes stagiaire son chez qui ? Ah quand même ! Bonne réputation. Bon, stagiaire, ce n'est pas pro mais pour les minutes qu'il me reste, ça devrait aller. Vous voyez la console en haut ? Allez-y de suite. Vous me sauvez la vie, là ! Imaginez ce que dirait la presse si mon spectacle devait se terminer dans des bruits incongrus à cause d'un ingénieur du son un peu trop sensible. De plus, je pourrais avoir des ennuis avec la police, moi !!! Complicité de faits punis par la loi, ça peut aller jusqu'à la prison ! Ne riez pas ! Non, là, vous devez avoir des mines catastrophées ! Oui madame ! On voit que ce n'est pas vous qui risquez la taule !!! Vous êtes tous pareils : rire de votre malheur ne vous amuse pas du tout, mais rire de celui des autres est jubilatoire. Oui, vous avez raison, c'est exactement ce que je fais ici depuis 1h30. Merci à vous d'avoir compris l'essentiel du spectacle. Hey, Dieu, j'en ai trouvé un qui a des neurones en bon état. On fait quoi ? On le clone ???
Bon, on a une blonde aux manettes son pour quelques minutes. Je vais donc faire bref.
Tout d'abord, pardonnez-nous ce malencontreux incident, mesdames, messieurs. De nos jours, on ne peut plus faire confiance à personne. Mais tout est enfin rentré dans l'ordre et je vais pouvoir vous expliquer à quel point…je ne peux pas...ne pas vous aimer.
Vous avez été formidables ce soir. Je ne le dis pas parce que c'est vous, entendons-nous bien. Nous venons de partager des heures d'intense intimité où je vous ai montré ma vie et où vous m'avez, pour la plupart, compris. Ce sont des choses qui ne s'oublient pas, ça. Ca vaut toutes les psychothérapies du monde. Et ne me dites pas que je viens de donner le meilleur de moi-même à un congrès de psychothérapeutes, hein ? Ouf ! Oui monsieur ? Vous êtes psychiatre et vous aimeriez approfondir les thèmes que j'ai développés en ma compagnie sur votre divan ? Désolé, mais j'ai déjà donné. 8 ans à partir de mon premier divorce !!! Vous comprenez pourquoi je fais le clown aujourd'hui ? Le rire n'est-il pas la meilleure des thérapies ?
Et puisque vous avez ri aussi, j'en déduis que vous êtes aussi malades que moi et que, l'un dans l'autre – maintenant que je peux le dire, je le dis – nous sommes plutôt semblables.
Oui, je m'étais trompé sur vous. Vous êtes ce que je fus et ce que je serai. Je suis ce que vous auriez aimé être. Nous nous complétons. Je vous aime et vous, continuez à m'aimer. Tant que vous m'aimerez, je vous aimerai aussi et je m'aimerai davantage chaque jour (en fonction du nombre d'entrées !).
NB : Le comique de situation ne vaut que lorsque le texte est joué. J'ai volontairement omis de préciser les mimiques et autres données scéniques et j'ai choisi de donner un sexe masculin à l'interprète par simple mesure de facilité. Pour l'heure, le texte est littéraire car neutre. Il s'adaptera plus tard peut-être si quelqu'un veut lui donner corps. Il faut que les mots qui viennent de la scène ressemblent à celui qui les dit. Sinon, ce n'est pas crédible. Je viens de comprendre ça après 20 années d'observation !!! On ne se moque pas ! Grazzie !
Et, je le redis, je voulais rendre hommage, à ma façon, à Pierre Desproges. Je ne serai jamais lui car il n'a pas fait d'enfant. Du moins pas avec son talent. Personne ne le copiera, j'en suis certaine. Je ne le ferai pas non plus. Je m'essaye à un nouveau genre depuis quelques jours, peut-être parce que j'ai envie de faire rire et de rire moi-même. J'ai passé un cap, celui de Bonne-Espérance probablement. A vous d'en juger. Soyez sympas (mais pas trop non plus) ! Je débute !!! lol !
Je ne m'aime pas !
(Sketch totalement humoristique)
Je ne m'aime pas !
Après une soirée que je qualifierais de cataclysmique, cela m'est apparu hier, sur le coup des 23h et quelques, avec une évidence telle que mes certitudes passées sur mon narcissisme prononcé s'en sont trouvées toutes ébranlées (en un seul mot, monsieur ! Merci). Je ne m'aime pas.
Oh mais ne riez pas ! Car si je ne m'aime pas, rassurez-vous, je ne vous aime pas non plus ! Comment le pourrais-je ? Vous vous êtes déjà vus dans des miroirs ? Vous êtes laids, puants et stupides. Oui, même vous le bellâtre qui exhibe fièrement son bronzage de lampe de poche ! Vous vous trouvez beau ? Oh, il y a 30 ans, vous deviez avoir encore un certain charme, quand sur les bancs de la Fac – si vous y êtes allé, bien sûr, mais à vous voir, vous avez du faire dans le fac-similé et non dans la fac à Soumoulou – vous faisiez battre le cœur des filles. Non, je ne nie pas que vous puissiez être bien conservé. Vous devriez songer à remercier Nicolas Appert ! Vous ne connaissez pas ? Il y a quelqu'un parmi vous qui connaisse la réponse ? Non, évidemment !!! Ouais, c'est ça, c'est un joueur de foot du PSG ! N'importe quoi !!! Il n'y a pas de joueurs de foot au PSG, d'abord !
Donc, je continue si le corniaud du fond de la salle veut bien arrêter de venir polluer mon discours philosophique avec des interventions de virage Sud ! Non, mais, moi aussi je sais le faire ! « Et il est où, et il est où, et il est où le jeune couillon ? »
Bon, STOP ! Monsieur le bellâtre, vous mesurez combien ? Plus d'1m90, à première vue, comme ça, de loin. L'idée que vous puissiez gêner vos congénères placés derrière vous ne vous a jamais effleuré un neurone ? Jamais ? Vous en vous foutez, ils n'avaient qu'à réserver avant vous ! Messieurs-dames, vous apprécierez la jolie mentalité de notre vieux beau ! Comment voulez-vous qu'on vous aime ? Vous gênez la vue et, de surcroît, vous manquez de respect à autrui. Vous, la blonde qui ne connaissez pas autrui, changez de salle car là, vous n'allez rien comprendre du tout. Ce spectacle est interdit aux blondes, vous n'avez pas vu l'affiche ??? C'est pourtant écrit en gros et en Français. Vous êtes Russe ? Nul n'est parfait. Et vous accompagnez le vieux beau ? Vous les cumulez, vous !!!
La madame du premier rang, si on vous dérange, vous le dites ! Vous voulez faire quoi au monsieur à côté de vous ? Vous croyez qu'il va aimer sentir vos…quoi ?...120 kgs ? de charmes bien cachés sur ses genoux ? D'autant que, si je ne m'abuse, monsieur risque de mourir écrasé par vos charmes, vu son gabarit…Vous êtes Russe vous aussi ? Non ? Alors vous avez certainement du lire l'affiche sur laquelle il était clairement stipulé que les morts sont priés de rester dehors et que les sursitaires sont priés d'aller mourir ailleurs ! Je vous rappelle également que l'assurance du théâtre ne prend pas les meurtres à sa charge. Arrêtez donc de gigoter ! D'ailleurs, monsieur le voisin de la dame, vu votre état, je doute que vous ayez lu l'affiche vous aussi. Vous avez au moins 95 ans !!! Non, ne riez pas comme ça, vous dérangez vos voisins. Non, je vous assure ! Le bruit du dentier qui joue des castagnettes est épouvantable ! Et de grâce, si vous voulez mourir ce soir, faites-le ailleurs qu'ici !!! Que quelqu'un amène un verre d'eau à Mathusalem qui va s'étouffer en toussant ! Et qu'on appelle les pompiers pour sa voisine qui me semble avoir très chaud !
Dites, par curiosité, est-ce qu'il y a quelqu'un dans cette salle qui a lu l'affiche ? Non, je me demande parce que plus je vous regarde et plus je vois des blondes (ah pardon, madame, j'ignorais que vous étiez brune quand vous étiez jeune !), des morts à peine vivants – je vous accorde qu'applaudir demande un effort musculaire intense et peut provoquer, si le rythme est trop soutenu et continu, des lésions irréversibles qui, à terme, nous font nous rappeler que l'être humain est un cousin germain du singe -, des sursitaires et des personnes qui ont volé leur place à des gens normaux ! Oui, j'ai bien dit volé ! Vous croyez que prendre deux sièges pour vous toute seule, madame, n'est pas commettre un vol ? Vous avez pensé qu'un pauvre petit garçon tout mignon avait peut-être très envie de venir ce soir et qu'à cause de vous, il doit rester chez lui dans sa chambre à faire ses devoirs ? C'est cruel ce que vous faites-la, chère madame. Très cruel. On devrait vous dénoncer pour vol et pour maltraitance envers un enfant inconnu. Par votre faute, et uniquement par la vôtre, cet enfant si mignon aura des bonnes notes à l'école, et dans quelques années, il sera Ministre des Finances ! Vous êtes contente de vous ???
Mais d'où vient cette odeur ? Quelqu'un fait des frites ici ? Vous ne sentez pas cette odeur de friture rance, vous ? Oups, pardon madame ! J'ignorais que cela venait de vous mais au teint verdâtre de votre voisine qui paraît sur le point de vous vomir son dîner sur les genoux, j'ai deviné. Vous faites quoi dans la vie ? Restauratrice chez Mac Do' ? C'est votre famille autour de vous ? Ah, je comprends mieux ! L'odeur est partagée !!! Mademoiselle verdâtre, si vous ne vous sentez pas bien, ayez l'obligeance d'aller rendre votre dîner dehors. Ou mettez-le dans le sac de votre voisine ! La prochaine fois qu'elle viendra au théâtre en troupeau, elle pensera à leur faire des sandwichs ! Enfin, si la madame a la faculté de penser, bien entendu. Faut-il être à ce point irrespectueux des autres pour faire bouffer de la friture à toute la smala avant d'aller à un spectacle et ne pas avoir pris le temps de prendre une douche et de se changer !!! Vous n'avez pas eu le temps ? Vous n'aviez qu'à manger plus tôt ! Si vous croyez que vous vous faites des amis, ce soir, vous vous trompez ! Combien d'entre vous sont pour que la famille-qui-sent-la-friture s'en aille ? Allez, levez vos doigts ! Plus haut, n'ayez pas peur ! Vous êtes plus nombreux qu'eux !!!
Oh, vous le binoclard, vous devriez la jouer en sourdine, c'est un conseil ! Votre dernière visite chez un dentiste date de quand ? Il y a 20 ans ? Et vous savez que les dentifrices ne sont pas uniquement faits pour décorer une salle de bain ? Soyez gentil pour les autres : fermez la bouche quand vous riez !!! L'odeur est une chose déjà bien assez désagréable sans que vous vous sentiez obligé d'y rajouter la vue ! Et ce n'est pas parce que votre tour de bras équivaut à mon tour de taille que vous me faites peur ! Savez-vous que les amphétamines ont un effet permanent quand on en abuse ? Non ? Eh bien, laissez-moi vous dire qu'à forte dose et à durée prolongée, quand au début elles augmentent votre masse musculaire, au bout d'un certain temps, les muscles finissent par être bandés sans arrêt (oui, j'ai bien dit bandés, madame ! Non, ce n'est pas un gros mot ! Et messieurs, vos regards lubriques me laissent penser que vous ne seriez pas contre avoir un certain muscle toujours bandé, surtout les plus âgés d'entre vous. Oubliez ça ! Votre cœur n'y survivrait pas !!!). Chez certains spécimen dont vous me semblez faire partie, il arrive parfois que les zygomatiques se crispent jusqu'à se figer dans une position qui vous donne ce sourire niais dont vous arborez fièrement la signification populaire qui prétend que plus on en a dans les muscles et moins on en a dans la tête. Vous me direz, ce n'est pas votre faute. Mère nature ne vous a pas gâté…sauf les dents ! Vous êtes célibataire, je parie ! Oui ? Ben, mon pauvre gars, à mon avis, la veuve poignet a encore de beaux jours devant elle. Je comprends que vous ayez recours aux amphétamines, finalement !
J'en vois une qui se marre depuis un moment car elle ne sent pas concernée par tous vos portraits. Forcément, elle ne vous ressemble pas ! Elle est jeune, 20 ans à peine, elle est ravissante, pas blonde, elle sent bon la dernière eau de toilette de supermarché très à la mode, elle est étudiante en psychologie et elle a donc un cerveau alimenté sur courant alternatif. Elle se sent différente de vous. N'est-ce pas chère enfant ? Comment ? Ah tu ne sais pas ce qu'est le courant alternatif ! Un nouveau style musical ? Bon, visiblement, tu as du passer directement de la maternelle à la fac, toi ! Tu t'appelles comment, mon enfant ? Marie-Cécile et tu habites à Neuilly Sur Seine. Oui, là, avec le prénom que tu portes, tu n'avais pas besoin de préciser où tu vivais. Et donc, tu es venue seule ? Tes parents t'ont laissée sortir ? Ils sont fous !!! Encore des parents irresponsables !!! Alors pour le courant alternatif, que n'as-tu pas compris en dehors des mots ? Tu ne vois pas ce qu'un style musical branché vient faire dans la conversation ? Vous permettez, messieurs-dames, que j'instruise quelques minutes cette charmante attardée du cortex ? C'est pour une bonne cause ! Imaginez qu'elle fasse un enfant d'ici 2 ou 3 ans et qu'elle ignore ce qu'est le courant…qu'il soit alternatif ou continu. Non, non, Marie-Cécile, je ne vais pas te faire un enfant. Reste un peu concentrée, s'il te plait. Sais-tu ce qu'est l'électricité ? Oui ? Super, tu gagnes un premier bon point ! Encore 9 et tu auras une image ! On avance ! Et sais-tu que pour faire de l'électricité, il faut du courant ? Oui, c'est ça, comme un courant d'air. Et tu sembles t'y connaître en courants d'air, toi ! Ca sent le vécu !!! Bon, alors maintenant, sais-tu que tout ce qui vit a besoin d'être alimenté, même les plantes ? Non, je n'ai pas dit que tu avais le cerveau d'une plante !!! Tu sais ce qu'on va faire ? Tu vas revenir ici toutes les semaines et peut-être que dans un an tu sauras ce qu'est le courant alternatif. Non, je ne t'invite pas !!! Y'a pas marqué SAMU Social sur l'affiche !!! Elles sont gonflées les gamines de nos jours ! On croit rêver !!! Allez, mon petit, reste là assise sagement et continue à sourire comme tu le fais si bien. Voilà, c'est bien. Gentille, mignonne, Marie-Cécile. Oui, tu auras ton image dédicacée après le spectacle.
Ah tiens, vous, je ne vous avais pas encore remarquée ! Vous venez d'arriver ? Vous êtes quitte pour revenir demain car vous venez de louper l'essentiel du spectacle. Mais dites-moi, vous n'avez pas dîné avant de venir ? Si ? Alors pourquoi avoir ramené votre choucroute sur la tête ? Vous souffrez de boulimie ? Soyez indulgente pour les autres, et restez dans le fond de la salle. Sinon, vous allez cacher la vue à tous ces braves gens qui souffrent déjà depuis plusieurs minutes ! Et si vous voulez savoir pourquoi ils souffrent, il fallait arriver à l'heure !!! Personne ne vous a jamais dit que votre chignon vous faisait ressembler à ces vieilles comtesses décrêpies du temps des Lumières mais qu'elles n'éclairaient pas ? Et dans le métro, personne n'a jamais eu la bonne idée de sortir une paire de ciseaux pour vous faire de nouveau ressembler à un être passablement humain ? Vous ne prenez jamais le métro ? Et vous me dites ça alors que vous arrivez en retard à MON spectacle ????? Vous vous foutez de moi, là ! Maintenant, assise et en silence ! Je ne veux plus rien entendre !
Vous m'énervez tous, ce soir ! En parlant de métro, je me suis souvent fait la remarque qu'aux heures de pointe, les humains tenaient davantage de troupeaux de vaches que de bipèdes a priori dotés d'intelligence. Or, la véritable intelligence si elle existait chez l'Homme serait d'éviter de s'engouffrer bêtement dans des rames bondées et d'attendre quelques minutes des rames plus accueillantes ! J'en déduis deux possibilités : soit vous aimez vous serrer les uns contre les autres - le monsieur avec le pardessus est prié de refermer son pardessus, merci ! - respirer les aisselles fétides et sentir les haleines tout aussi fétides, soit vous avez tous le QI des poules ! Et j'ai bien dit des poules avec un P, monsieur ! Vous avez oublié le sonotone à la maison de retraite ? Des poules avec un P comme Pénible. Si j'avais dit des Moules avec un M comme Maison, le monsieur au pardessus aurait encore fait des siennes ! Il est très sensible, ce soir…d'habitude, il se tient bien. C'est l'ingénieur du son !
Voilà toutes les raisons pour lesquelles je ne vous aime pas. Je ne peux pas vous aimer, comprenez-le bien ! Je viens de vous faire une démonstration vivante de mon postulat de départ, convenez-en ! Avouez que vous-mêmes, dans de telles conditions, vous ne pouvez pas vous aimer non plus, n'est-ce pas ? Alors vous comprendrez peut-être – sauf les blondes, les Russes et Marie-Cécile – que je ne puisse pas m'aimer puisque vous m'aimez assez pour passer une soirée à ne rien comprendre à ce que je vous raconte. Vous n'êtes guère flatteurs pour moi.
NB : petit clin d'oeil à Pierre Desproges dont j'ai toujours admiré l'humour.