Celine Elias à l'écrit

Celine Elias à l'écrit

Mais où allons-nous ????

Alors que les images nous parviennent d'Algérie où l'on décompte les victimes dans une litanie effrayante mais hélas devenue habituelle, alors que les "experts" en tout usent de la plume et du verbe pour nous expliquer le pourquoi et le comment des choses, moi qui ne suis experte en rien et qui passe mon temps libre à observer le monde, à l'écouter, à le lire, je suis perplexe et, pour tout vous dire, franchement inquiète pour l'avenir à court et moyen terme. 

 

D'un côté les intégristes musulmans (qui sont plus intégristes que musulmans, selon moi) nous pointent du doigt, nous les occidentaux supposément nantis, en nous disant que nous sommes les seuls responsables de tous leurs maux et, in extenso, de leur haine. 

Ils n'ont pas totalement tort. Par le passé, l’Europe a, de façon peu glorieuse,  colonisé sans vergogne un continent et l'a spolié de toutes ses richesses, tout en appauvrissant ses populations et en prenant bien soin de ne pas les instruire.

Ensuite, nous avons décolonisé et avons laissé des peuples exsangues aux mains des plus offrants.  On a vu monter, graduellement au fil des décennies, les groupes extrémistes dans ces pays. Et nous les avons armés, parfois, pour qu’ils puissent renverser des pouvoirs soit disant autocratiques. Nous avons également vendu des armes sous le manteau en Angola, faut-il le rappeler, en Iraq, au Liban, et il est probable que nous le fassions encore en Syrie. Aujourd'hui.


Dans l’absolu, nous avons aidé des peuples à se libérer du joug de tyrans. Dans l’absolu seulement. Dans la réalité, voyez l’Iraq, voyez l’Iran, voyez l’Egypte, voyez la Libye, voyez la Tunisie et dites-moi si les pouvoirs mis en place depuis la chute des dictateurs ont rendu les populations plus heureuses. Dans la réalité, on a échangé un tyran unique contre des tyrans élus. Dans la réalité, on a permis à des islamistes radicaux d’être légitimes, ce qui en pousse d’autres à faire eux aussi leurs révolutions. Quid de la Syrie.

Pour tous ces exemples là, oui nous sommes coupables d’avoir permis tout cela. Et de l’applaudir en prime. Nous nous réjouissons en chœur de la chute de Moubarak mais combien sommes-nous à encore oser faire un voyage touristique en Egypte ? Idem pour la Tunisie. Or si tout était mieux dorénavant, nous devrions de nouveau faire nos croisières sur le Nil, faire des séjours à Djerba et participer ainsi à la survie pécuniaire des peuples. Non ?

Nous sommes responsables depuis plus de 500 ans. Depuis qu’on a cru être le centre du monde. Suis-je bête ? Certains le croient encore !!!

 

Maintenant, par pur souci de partialité je refuse toute flagellation excessive. Que nous soyons coupables d’avoir engendré des monstres est avéré. Avons-nous sous-estimé le pouvoir grandissant des Djihadistes ? Très certainement.  Sommes-nous coupables d’avoir armé ces mouvements intégristes ? Il y a de fortes chances que oui, que ce soit légalement fait ou pas. Mais sommes-nous responsables pour autant ? J’insiste bien sur la différence entre culpabilité et responsabilité. La première fait référence à des actes et la seconde à des idées.

 

Nos actes manqués partaient, je le crois, de bonnes intentions. Du moins ces dernières années.

 

Parce que la colonisation était tout sauf une bonne intention ! C’était le choix d’expansion d’un continent au détriment des autres. C’était ainsi que fonctionnait le monde depuis que l’Homme savait naviguer. Depuis que l’Homme avait la foi dévorante et une propension naturelle à vouloir l’imposer à tous, bafouant tout sur son passage. L’esclavage naquit et avec lui cette idée ignoble que tout ce qui n’est pas blanc et européen est forcément inférieur, incapable d’évolution, seulement destiné à nous servir de boys ou de chair à canons. Il n’y a pas de mot assez fort pour exprimer ce que ces idées provoquent chez moi en terme de révulsion, de dégoût et d’incompréhension. Et si j’y fais référence ici c’est qu’il y a un lien avec ce que nous voyons aujourd’hui.

Il ne s’agit plus d’esclavage ni de racisme primaire. Il s’agit d’une forme différente de rejet, de dégoût envers tout ce qui n’est pas de confession musulmane ou qui n’applique pas les nouveaux préceptes du Coran sous forme de Charia.

Il ne faut pas pour autant condamner l’Islam et tous les musulmans. Ce serait la plus terrible des erreurs. Ecoutons ceux qui paient le lourd tribut de leur confession. De grâce, écoutons-les car par eux, nous pourrions tout apprendre sur ceux qui nous vouent tant de haine.

 

Ils se servent de nos erreurs passées pour conforter leur haine. Ils se servent de notre occupation territoriale et économique comme d’un bouclier à leur propre prospérité. Ils disent que nous les empêchons de devenir comme nous. S’ils savaient ce que nous devenons, j’espère qu’ils comprendraient que nous courons à notre perte à force d’avoir voulu éviter les pertes. Ils croient que notre peur de la mort nous rend esclaves de la vie quand ils choisissent de mourir dans l’espoir d’une vie meilleure après la mort. Je ne suis pas égyptologue, mais n’était-ce pas l’espoir de ceux qui attendaient de traverser le fleuve pour triompher de la vie et ainsi atteindre le royaume des morts ?

Que pouvons-nous faire, nous simples mortels qui pensons que la vie prime sur tout (et surtout la vie humaine, cela va sans dire…car nous n’hésiterons hélas jamais à sacrifier et anéantir jusqu’au dernier toute espèce animale dont nous avons besoin pour manger…dans le meilleur des cas. Passons…) face à des hommes qui pensent que la mort est plus belle que la vie ? C’est comme demander à un suicidaire de s’accrocher à un espoir de vie qu’il n’a plus. C’est peine perdue.


Alors il faut creuser là où nous avons pêché. Il faut aller chercher la faille et le faire par les armes aujourd’hui au Mali, tout comme en Afghanistan hier, ne peut que ralentir un processus et donner de l’air, du temps aux plus radicaux de gangréner d’autres pays. D’étendre leur pouvoir en s’asseyant confortablement sur leurs échecs pour devenir plus forts et nous faire tous passer pour des suppôts de Satan. Plus nous gagnons de victoires et plus ils sont forts.

 

Pensiez-vous vraiment que la mort de Ben Laden allait changer la donne ? Que c’est en tuant ou capturant quelques chefs qu’on viendra à bout d’une haine qui n’a fait que grossir au sein même de nos villes, ici, en Europe, comme partout dans le monde ? Si tel était le cas, on n’en parlerait plus depuis longtemps ! Les services secrets de tous les pays occidentaux - ou ceux qui voient d’un très mauvais œil se propager des haines dont ils feront les frais en première ligne – auraient réglé la question avant que nous ayons même le temps d’en débattre. Si tout était aussi simple que cela, nous n’en serions pas là.

Il y a trop d’inconnus qui se remplacent les uns les autres au sein des groupes terroristes islamiques.  Nous sommes tous comme Hercule face à l’Hydre de Lerne. Nous tuons une tête et il en pousse 100. Comment combattre 100 têtes qui ont 200 pieds et 200 bras armés ? Comment combattre 100 têtes qui en convainquent 100 000 de les remplacer au besoin avec 200 000 pieds et 200 000 bras armés ? Et, après 40 ans, comment vaincre 2 millions de têtes qui ont 4 millions de pieds et 4 millions de bras armés quand nous ne faisons que fantasmer d’avoir demain peut-être une victoire de courte durée ?

 

Il faut éradiquer par la base.

Oui, je sais, tout le monde le sait.

Alors on va commencer par faire la guerre aux ventes d’armes et cesser de se prendre pour des vertueux de fait alors que nous ne sommes que des faits rarement vertueux. Faire la guerre aux vendeurs d’armes, c’est légiférer partout dans le monde sur une éthique, un code de survie bien plus que d’honneur, qui interdit la vente légale pour armer des révolutions supposément légitimes.

C’est moche pour la Syrie. J’en suis consciente. Mais, que je sache, on accepte depuis toujours certaines dictatures sans en faire des plats !!! Tout doit se régler dans un ordre précis parce que si nous partons dans tous les sens sous prétexte qu’il est inacceptable, humainement, de voir ce qu’il se passe ici ou là, nous n’arriverons à rien. Et nous ne ferons que montrer notre incapacité à juguler des menaces bien plus grandes encore.

De plus, une régulation rigoureuse de la vente d’armes (et quand je dis rigoureuse, j’entends…vraiment rigoureuse ! Il vaut mieux laisser passer des tonnes de marijuana qu’une caisse d’armes. On contrôle, on stoppe, on endigue ! Les trafiquants d’armes devront se reconvertir ailleurs ! Mais ils le feront. Sans peine en plus !) permettra à nous tous d’être plus sereins, en Europe comme aux USA. On commence par ce qu’on peut. En essayant de les priver d’armes, on rend les terroristes plus féroces encore.

Donc, on coupe nos relations économiques avec certains pays. Ca va nous faire mal, c’est certain. Toutefois, si ceux qui font de l’argent chez nous tous se retirent, ils vont perdre une manne financière inépuisable. Nous. Nous les nouveaux esclaves du monde économique. Si certains pays que je ne nommerais pas se retirent, il va se passer quoi ? Réfléchissez et demandez-vous qui a l’argent légal pour financer ce qu’il veut, au nez et à la barbe du monde. Qui a suffisamment d’intérêts économiques partout pour faire pression ? NON ! Je ne vise pas le Qatar. Pas seulement. Il y en a d’autres qui peuvent se servir de la montée du radicalisme islamique sans pour autant être des pays musulmans.

Je me demande parfois qui a le plus à gagner. Parce que nous partons dans des croisades qui nous dépassent, une fois de plus.

 

Tout cela pour dire que quoi que nous fassions, nous allons perdre. Nous ne serons pas voilées demain, mesdames. Les intégristes de tous bords sont les instruments et les jouets de l’Histoire. Nous aussi. Et eux comme nous allons perdre. Nous perdrons notre plumage d’anciens maîtres du monde aux dépends du reste du monde ; les intégristes musulmans perdront leur ramage de sauveurs militants pour n’apparaître que comme des monstres sanguinaires. Il restera qui ? Allez, faites un effort…Une fois que l’occident et le monde musulman se seront anéantis, il va rester qui ?

 

Donc voilà. Qui est notre ennemi ? Nous-mêmes. Sans la moindre hésitation. Qui véhicule nos peurs et nos culpabilités pour asseoir sa position sur le monde et justifier toutes les horreurs ? Les terroristes et radicaux musulmans. Les uns par les armes et les autres par les urnes ouvertes par les armes. Qui a assez d’argent aujourd’hui pour planter des jalons sur le monde de demain ? Non, pas les pays de l’OPEP. Arrêtez de croire en des fadaises. Dans 50 ans, il n’y aura plus assez de pétrole sur Terre pour enrichir des pays. A peine de quoi rendre quelques hommes riches. Voyez plus loin. Vers quoi allons-nous tous ? Sans le savoir…

Quand vous aurez une idée, prévenez-moi. 



19/01/2013
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