Le livre de la vie
LE LIVRE DE LA VIE
"Le livre de la vie est le livre suprème
Que l'on ne peut ni fermer ni rouvrir à son choix
On voudrait revenir à la page où l'on aime
Et la page où l'on meurt est déjà sous nos doigts".
Et le temps se déchaîne
Bafouant tous nos droits
Ne laissant sur la scène
Que des fleurs et des croix.
Le livre d'une vie ne tient qu'en peu de pages
Sitôt commencé, il doit bientôt finir
Juste le temps d'en comprendre les messages
Il est presque trop tard et l'on doit s'endormir.
Et le temps s'éternise
Vivant de souvenirs
Nous traînant à sa guise
Sur le Pont des Soupirs.
Le livre de sa vie est un livre cruel
Qu'il ne pourra jamais rouvrir à son choix
Je voudrais que ses pages demeurent éternelles
Car la page dernière est déjà sous ses doigts.
Eysines, le 25 juillet 1982.
Céline ELIAS
PS : Ce texte mérite de m'y attarder. J'avais 15 ans quand je l'ai écrit après avoir lu une plaque sur la tombe du garçon que j'aimais depuis...toujours je pense. Je n'ai toujours pas oublié Denis. Vingt-six ans plus tard, j'y pense souvent. Il fut mon premier grand amour. Et mon premier cimetière, la cause de ma première cuite, de mes errances qui ont suivi. Que dire ? Tant de choses mériteraient d'être dites mais pas ici et pas comme ça. Je garde cette blessure en moi car elle en a occasionné d'autres. On ne change pas le passé. Le passé, on s'en souvient et tant qu'on s'en souvient, tant que l'image ne disparaît pas totalement, le livre des vies perdues n'est pas refermé.