Celine Elias à l'écrit

Celine Elias à l'écrit

L'élitiste et le démago

Comme plus de 17 millions de personnes en France (et ailleurs), j'ai suivi hier soir le débat entre nos deux candidats restants pour l'élection présidentielle. Je n'en avais pourtant pas envie tant ma migraine "arthrosique" - j'ignore si cela se dit - est forte depuis une semaine.

 

 

 

 

J'aurais préféré laisser tout éteint et dormir ou juste garder ma bouillotte sur les épaules, voire me prélasser pendant une heure dans un bain chaud. Ce que je fis juste avant, cela dit.

Donc voilà, j'ai combattu mon mal pour voir...voir quoi ? Un combat de coqs ? Parfois, cela y ressemblait. D'ailleurs, à ce propos, vous savez pourquoi le coq est l'emblème de la France ? Non, pas parce que c'est le seul oiseau capable de chanter les pieds dans la merde (Cf : Coluche), même si...

Le coq aime régner sur la basse-cour et est plus bête que tous les autres volatiles connus. Il règne parce qu'il a un plumage plus beau que les poules et qu'il sait chanter, lui ! Ah ça, pour chanter, il chante ! C'est la seule chose qu'il sait faire, le coq. Il est fier de si peu de choses...car enfin, connaissez-vous plus stupide qu'un coq ? Moi pas. Même les moules sont plus futées !!! Elles se ferment en cas de danger et savent parfaitement se rendre indigestes si le danger persiste. Le coq, lui, va droit vers le danger en pérorant de sa crête dressée et de son caquettement hargneux qu'il est le maître des lieux. Qui servira de plat principal au maître queux.

 

J'ai toujours aimé les allégories animalières car elles renvoient à des images mieux que tous les discours. 

Si le combat-débat fut de coqs plus futés que leurs congénères, j'en conviens, je serais curieuse de savoir combien sont les animaux des basses-cours représentées par ces deux coqs qui ont compris la moitié des propos. Et encore, je suis gentille quand je parle de la moitié !!! Parmi tous les chiffres exposés et débattus, parmi toutes les réformes proposées au regard de ces chiffres, qui a tout suivi sans décrocher ? 

Quand je lis ou que j'écoute ce qu'ont retenu les basses-cours, ça me fait peur. Ils ont vu un candidat qui n'a jamais exercé aucun mandat de premier ordre comme ministre, par exemple, qui leur a dit que son adversaire était mauvais, méchant, menteur, coupable de ne pas assumer sa responsabilité première en tant que Président sortant. Ils ont entendu ce qu'ils entendent depuis 4 ans et qu'on leur assène régulièrement dans les médias. Ils ont entendu ce qu'ils aiment entendre : mettre un nom sur leurs difficultés et désigner ce nom comme étant le seul coupable. 

 

Ca fait 4 ans qu'on me sert ce genre de propos. Argumenté, je l'apprécie et j'aime à le débattre en usant de contre-arguments. Quand on me parle d'économie en termes chiffrés et que les seules oppositions tiennent à nos différences de concevoir les choses, je le comprends, je le respecte et je l'admets. Mais quand on ne m'oppose que des oppositions de principe, parce que l'argent, quand on en a, doit rester secret, parce que le Président est devenu People et qu'il fait la fortune et la gloire de scrivaillons de seconde zone, parce que l'on croit dur comme fer que le Diable a élu domicile à l'Elysée et que son seul dessein est de ruiner les pauvres et les classes moyennes pour enrichir les plus riches, j'avoue que je bondis ou que je refuse le dialogue. Car dialogue il ne peut y avoir. 

 

J'aimerais qu'on me dise avec précision, avec de vrais chiffres, avec de vraies estimations, ce qui est vraiment reproché à Nicolas Sarkozy. Pas en jugeant l'homme, mais en jugeant, preuves à l'appui, ce qu'il a fait pendant 5 ans pour mériter autant de haine. Qu'on m'explique pourquoi un homme qui a empêché la France de sombrer comme l'Espagne ou l'Italie, un homme qui a œuvré en dépit des réticences allemandes pour sauver la Grèce et préserver la zone Euro, un homme qui a mis en place des mesures salvatrices et nécessaires au risque d'être impopulaire, pourquoi cet homme est aujourd'hui si vilipendé ? 

Je n'ai pas d'œillère mais je déteste la démagogie et les jugements faciles. Oui, le Président Sarkozy a fait des erreurs ; oui, je n'ai pas toujours été d'accord avec toutes ses idées (le débat sur la nationalité était une belle connerie !!!) mais non, je n'ai pas entendu hier soir un seul argument venant de François Hollande qui puisse me convaincre de ce qu'il disait. 

 

Les observateurs l'ont trouvé bon ? Présidentiable ? Je l'ai trouvé hargneux, sur la défensive, irrespectueux parfois et brouillon dans certaines de ses explications. 

Cela dit, Nicolas Sarozy n'a pas toujours été au top non plus. La sortie sur DSK était d'un goût très très douteux. Je n'ai pas aimé. Du tout. Alors qu'un débat entre Sarkosy et DSK m'aurait fait oublier ma migraine ! Il n'a pas été bon non plus suite à la litanie TRES préparée et récitée par François Hollande. Il aurait du renvoyer coup pour coup. Il a tenté de le faire, mais que peut faire un homme acculé dont le temps de parole est sans cesse coupé par son adversaire ? 

 

L'un a parlé au peuple de ce que le peuple voulait entendre et l'autre a tenté de se défendre en parlant à un peuple qui pouvait le comprendre. 

Alors, oui, hélas, Hollande a parlé au plus grand nombre. Les poulaillers étaient en ordre de marche. Les coqs ont chanté. 

 

Etant plus moule que poule, j'ai davantage cru en ce que disait Nicolas Sarkozy. Sans doute parce que j'ai toujours été plus à Droite qu'à Gauche, sauf si...un certain DSK n'avait pas déconné. Je suis une économiste patentée et seulement quand on me parle au lieu de m'abreuver de formules mathématiques. En littéraire qui se respecte, les formules me prennent la tête. Je veux le concret, le résultat des formules, et si j'en ai un jour besoin, je saurais de toute façon utiliser ce que je n'aime pas. 

 

Il y a juste un truc qui me taraude depuis des années : tout le monde parle des formations nécessaires pour relancer l'emploi, mais...qu'en est-il des gens qui ont déjà des tas de formations et qui ne sont plus jeunes et pas tout à fait séniors ? Quand ces gens-là sont au chômage, on fait quoi pour eux ? J'ai connu ça par le passé. Et personne n'a été capable de me proposer une formation parce que, je cite : "vous êtes déjà trop formée, madame". Où partent les crédits formations de l'Etat ? Je vais vous dire, moi : dans les salaires de personnes qui ont trouvé une sacrée planque !!!

 

Dis, monsieur le Président, je peux avoir ce genre de boulot ? Hey, je parle plusieurs langues, j'ai une excellente connaissance du tissu social environnant, je maîtrise les données des ressources humaines (après tout, c'est un quart de mon boulot actuel) et à 45 ans, je peux faire partie des séniors !!! Mais pitié, pas de formation pour devenir je ne sais quoi !!!!!

 

 

Zut, je viens de tutoyer un Président !!!! Céline, tu ne manques pas d'air toi qui prône le respect de la fonction !!!

 

Ouais ben (vous venez d'être témoins de la dualité entre moi et....moi), je me conforme à l'air ambiant. Je sais, l'explication est facile mais vous n'en aurez pas d'autre. Y'a un Président que je respecte et à qui j'aimerais dire "tu" parce que je respecte plus les gens que je tutoies que ceux que je vouvoies. Bon, ok, c'est vaseux et je m'enlise.  

 

J'ai de bons amis de Gauche que j'aime et que je respecte. Mais, pardonnez-moi mes amis, je ne peux pas accepter ce que François Hollande a tenté hier, de me proposer. Très maladroitement. S'il avait du convaincre une femme comme moi, qui croit que seule l'action prévaut sur les discours, et que l'on ne juge les hommes que sur ce qu'ils font ou ont fait, pas sur ce qu'ils aimeraient pouvoir faire, il ne m'aurait pas convaincue du tout. Il a éludé et botté en touche toutes les questions plus pointilleuses sur comment il allait financer son beau programme. Je me fiche de savoir si je serai moins pauvre l'an prochain. Ce qui m'intéresse c'est de savoir si, dans 10 ans, je vivrai encore dans un pays riche ou pas. Dans un pays qui va de l'avant ou dans un pays qui a reculé et pris du retard sur un monde qui va trop vite. Dans un pays qui va me demander de payer jusqu'à ma mort ses dettes - au cas où je n'aurais pas assez des miennes ! - ou dans un pays qui va me montrer qu'on peut se sortir des dettes en serrant un peu la ceinture (la mienne serre de plus en plus...mais bon, je mets ça sur le compte de l'âge et non de l'économie !). 

 

Je vais aller voter dimanche pour le seul candidat qui m'a paru sérieux à défaut d'être louable. Je revendique mon droit de voter pour l'avenir de mon pays et du monde qui l'entoure au lieu de voter pour l'avenir immédiat de mon portefeuille. Je ne fais pas le choix de la sagesse pour moi. De toute façon, si j'avais été sage pour moi, je n'aurais pas eu cette vie si ratée, si peu commune et si peu logique. J'aurais avancé mes pions avec ambition et j'aurais sans doute eu une autre vie. Mais cela n'aurait pas été moi.

J'ai une certaine constance dans mes choix, au fond. Je choisis souvent ce qui va aux antipodes de mes intérêts immédiats. Dois-je me refaire pour autant et remettre en cause ce que je crois être nécessaire à défaut d'être juste ? 

Monsieur Hollande, vous qui mettez en avant plus de justice pour tous, par qui allez-vous commencer et comment ? Qui va payer tout ça ? 

 

 

Hier, j'ai vu un Président parler à des initiés, des gens qui savent faire parler les chiffres. Et j'ai vu son adversaire parler à un peuple qui se fout des chiffres car il n'y entend rien. Les seuls chiffres que le peuple comprend ce sont ceux de son banquier. Et ça, je le comprends, même si je le déplore. 

 

Hier, j'ai vu que la politique n'était pas de la faire mais de savoir en parler et y faire croire. 

 

J'ose seulement espérer que les neurones endormis par la vindicte populaire se réveilleront dimanche afin de faire basculer toutes les tendances. 

 

Entre l'élitisme et la démagogie, j'ai fait mon choix. Je n'aime pas la médiocrité. Je choisis Nicolas Sarkozy, en mon âme et conscience et sans la moindre hésitation.  



03/05/2012
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