Celine Elias à l'écrit

Celine Elias à l'écrit

Prose

Toute ma prose, de l'humour aux choses plus sérieuses.


Quelques maximes personnelles

Voici un petit florilège de pensées personnelles que l'on appelle parfois maximes (comme celles de La Rochefoucault...à conseiller !), axiomes ou plus vulgairement citations. J'aime ces tranches de pensées qui résument tout sans rien expliquer et qui s'appliquent souvent à des vérités universelles ou plus intimes selon qui les lit et les perçoit.

 

- Le courage est l'arme favorite de ceux qui ont peur car il faut avoir peur pour ressentir du courage (Lapalissade).

 

- Combien se battent pour des idées qu'ils n'ont pas eues et combien meurent pour les combats que ces idées ont engendré ? (C'est tordu hein ?)

 

- Si le pire et le meilleur faisaient bon ménage il y aurait moins de divorces et moins d'insatisfaits. Mais on se marie de moins en moins pour le pire afin de ne garder que le meilleur (dédicace personnelle à mon frère).

 

- On meurt de rire de nos jours. C'est une belle mort. C'est mieux que de mourir de faim et cela fait plus branché dans les conversations virtuelles ou mondaines. Toutefois, comment peut-on mourir de quelque chose et ressussiter aussitôt pour en parler ? (Ca vous la coupe, pas vrai ?)

 

- Le feu sacré n'est ni plus ni moins que celui qui vous brûle dès la naissance de sa flamme bleue, qui vous obscurcit l'adolescence par les questions et les révoltes de sa flamme marron, qui semble vous apporter toutes les réponses avec sa flamme jaune quand vous êtes adulte, mais qui achève sa course dans le gris foncé de la cendre lorsque l'incandescence s'amenuise et qu'il ne reste du feu que l'aspect sacré que lui aura prêté votre vie. Observez une flamme de briquet, d'allumette ou autre et vous comprendrez. (Là, c'est profond, admettez-le)

 

- Le comble de l'optimisme est de croire qu'il y a de la lumière dans un trou noir ().

 

- Si j'avance par le doute, suis-je obscurantiste pour autant ? Nier les dogmes établis est une preuve d'intelligence ou d'indépendance d'esprit ().

 

- Quand l'Homme a créé Dieu, il a omis de préciser aux autres Hommes que s'il était à leur image il ne pouvait donc pas être parfait ().

 

- La perfection existe...dans l'imaginaire des Hommes qui cherchent inlassablement depuis leur origine à l'atteindre sans jamais y parvenir.

 

- Sois bête et surtout tais-toi ! ()

- L'humour est le seul sel de la vie qui permet de tout avaler.

- Je jugerai des valeurs de ceux qui m'auront précédé dans cet exercice le jour où j'aurai moi aussi montré au monde ce que je fais et que le monde m'aura jugé.

A suivre....


17/07/2008
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Au Pair In America

« L’homme peut s’expatrier, mais il ne peut pas se « dépatrier » »

     Roger Martin Du Gard

 

 

 

En janvier 1990, je pris la décision de m’envoler vers les Etats-Unis. Il fallait que je parte loin de mon cocon familial que je pensais oppressant, loin de tout ce qui avait été ma vie pendant ces 23 ans. Je prenais la fuite sur un coup de tête. Je pris contact avec une Association qui s’occupait de placer des Jeunes Filles Au pair dans des familles américaines. J’eus deux entretiens avec cette Association, afin qu’ils puissent juger de mon niveau d’anglais. Puis, mon niveau leur paraissant largement suffisant, je dus remplir une tonne (j’exagère, ok !) de paperasse qui constituait le dossier envoyé aux familles américaines en attente de « Au pair ». Peu après mon 23ème anniversaire, une famille du Massachussetts me téléphona. Notre premier contact fut excellent et nous prîmes la décision conjointe d’en rester là dans nos recherches respectives. Ils me voulaient et je n’étais pas contre. Le temps pour moi de refaire faire mon passeport, d’obtenir mon visa – avec le feuillet rose pour preuve de mon immigration non clandestine mais d’immigration temporaire pour raisons professionnelles – et je quittais la France par un froid matin de février 1990. Je partais pour une longue année.

 

Mais laissez-moi tout de même vous raconter les conditions d’engagement pour être Jeune Fille Au Pair aux USA !!!

En dehors des entretiens préalables, le dossier à remplir comportait tout un tas de pages dont plusieurs sur la santé des candidats à l’exil. Tout était passé en revue : origine sociale, maladies infantiles, vaccins, etc. Je dus même produire un Certificat Médical et faire remplir des questionnaires pointus à ceux qui, par le passé, m’avaient embauchée comme baby-sitter. Rien n’était laissé au hasard, ce qui conférait à l’Association un certain sérieux. Disons que, jusque-là, je trouvais ces mesures plus ou moins normales. Or, pour vraiment s’assurer de la motivation des candidats à demeurer pendant un an aux Etats-Unis – j’émettrais des objections à ce sujet plus tard -, il fallait verser la modique somme de 3 000 F en gage de bonne volonté. Ces 3 000 F devaient servir accessoirement de paiement du voyage aller/retour et devaient être rendus au terme du contrat d’un an. Si le contrat était rompu avant son terme, les 3 000 F étaient perdus.

De toutes façons, quand je m’engageais à partir pour un an, ce n’était certes pas pour rentrer au pays plus tôt que prévu. Je m’imaginais presque pouvoir m’installer aux Etats-Unis et y faire ma vie. Je ne connaissais pas l’Amérique !

Enfin ! Mes parents versèrent la somme requise et payèrent également mon transfert de Bordeaux à Londres, point de ralliement pour tous les candidats en exil. L’Association ne prenait pas en charge le pré-acheminement du domicile à Londres.

Ce fut beaucoup d’argent déboursé en peu de temps pour me permettre d’assouvir une de mes lubies !!! De plus, j’avais décidé, de ma propre volonté, d’arrêter de fumer le jour même de mon départ.

 

Et donc, le 19 février 1990, à environ 6h du matin, je me séparais de mes parents à l’aéroport de Bordeaux-Mérignac après avoir fumé ma dernière cigarette…celle des condamnés !

Une heure plus tard, j’atterrissais à l’aéroport d’Heathrow à Londres (je le connaissais déjà, celui-là !) où d’autres filles au pair en partance me rejoignirent bientôt.

J’y fis la connaissance d’autres françaises, comme Emmanuelle, et d’allemandes (je parlais encore vaguement allemand) que je ne revis jamais par la suite. Toute la matinée se déroula au cœur de cet aéroport avant que nous eûmes toutes (il n’y avait aucun garçon) été réunies pour embarquer à bord de l’avion, direction New-York City. La scène de l’embarquement fut épique. Les douanes anglaises ne plaisantent pas avec l’immigration et la sécurité ! Ils nous posèrent des tas de questions sur les raisons de notre voyage, qui avait fait nos bagages, ce qu’il y avait dedans, etc., pour, au final, monter dans l’avion de la défunte Pan Am après deux heures interminables.

Mais une fois dans l’avion, aux alentours de 13h45, nous dûmes encore et encore attendre. Quoi ? Une panne radio empêchait le décollage. Pas de chance !

Quand, enfin, l’avion quitta le tarmac, il était (heure de Londres) près de 16h30. Nous venions de passer un peu moins de 3h dans un avion, assis à nos places, à attendre. Ce fut long, très long !

 

Après 8h de vol sans encombre (encore heureux), nous finîmes par atterrir à l’aéroport JFK (= John Fitzgerald Kennedy) de New-York. Dans la cohue du débarquement, j’ai du perdre mon appareil photo. Ou on me l’a volé, dans l’avion, ce qui est idiot vu son peu de valeur marchande !

Mais nous n’étions pas au bout de notre attente. Soit, nous étions enfin sur le sol Américain. Si les frontières Françaises sont pour le moins étanches, on comprend aisément que celles de nos « voisins » (par voie maritime, depuis Lacanau-Océan, ce sont nos plus proches voisins !!!) d’outre atlantique puissent l’être moins ; d’autant plus que, depuis l’intronisation de la Statue de la Liberté comme figure emblématique d’un pays qui ne doit absolument rien au respect de ladite liberté (nous y reviendrons ultérieurement si vous le permettez), l’immigration aux USA est devenue l’espoir d’un nouvel Eldorado pour les uns, et, pour les implantés, une insupportable cause de chômage et d’exclusion sociale. Quiconque pénètre sur le sol Américain se doit d’avoir de bonnes raisons pour ça. On ne plaisante pas avec l’immigration là-bas ! D’où 2h30 de palabres en tous genres avant d’être autorisés à ne pas prendre le vol en sens inverse. Quel périple !!! Si l’on fait le décompte exact de ma journée du 19 février 1990, sans tenir compte des décalages horaires, on s’aperçoit que j’ai passé plus de temps à attendre qu’à voyager. C’est un comble, non ?


17/07/2008
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Reporter (roman)

PROLOGUE

 

 

 

 

Ce matin, mon réveil a sonné une première fois à 6h30 et je l’ai éteint d’un geste de mauvaise humeur. Il m’a rappelée à l’ordre 15 minutes plus tard, semblant m’houspiller de son bip monocorde d’avoir  voulu prolonger ma nuit. Il faut dire qu’il a interrompu un rêve dans lequel j’étais merveilleusement bien. Je HAIS le réveil ! Mais qu’à cela ne tienne, maintenant que je suis bel et bien sortie des torpeurs nocturnes, je dois me lever. Voyons…quel jour sommes-nous ? Mardi. Ca y est, je suis en phase avec le monde : nous sommes le mardi 11 septembre 2001 et il est 6h55 au 329 E.Street à Washington Je glisse lentement mes jambes en dehors du lit et m’étire avant de me rendre, comme tous les matins, dans la cuisine. Là, je me prépare un café expresso, un bol de céréales et sors de la maison récupérer mon journal quotidien que le jeune Samuel Gassman a dû lancer sous le porche quelques minutes plus tôt. Quelles sont les nouvelles du jour ? Je jette un œil distrait sur l’exemplaire encore emballé du « Washigton Post », tout en pensant : « encore deux jours ici et je rentre enfin chez moi, dans ma maison, à San Francisco ». La mer me manque, sa vue, ses odeurs, et même ses mouettes et ses cormorans. Ici, je suis étrangère, je suis de passage, pas vraiment impliquée, pas vraiment propriétaire des lieux. Et pour cause : cette maison m’est louée par le directeur de la chaîne qui m’emploie, Robert Yarski. Elle fait partie de son patrimoine familial, comme il dit. De fait, il en a hérité de ses parents, partis vivre une vie meilleure au soleil de Boca Raton. Or, lui et sa femme ont déjà un superbe manoir en Virginie et ils n’ont pas réellement besoin de cette maison qu’ils préfèrent louer aux collaborateurs de Robert. Collaborateurs privilégiés dont je fais partie…Il n’en demeure pas moins que je suis heureuse – que dis-je ? aux anges ! – de pouvoir quitter définitivement la capitale fédérale de mon beau ( ?) pays. Quand Robert m’a indiqué que mon nouveau poste était situé à San Francisco, je me suis retenue pour ne pas lui sauter au cou et l’embrasser ! Mais quand, en plus, il m’a expliqué la nature de mon poste, là, j’ai lâché la vapeur et lancé un « Waouh » enthousiaste et délirant. Pour encore 2 jours, je suis officiellement rédactrice en chef pour la chaîne « National Geographic ». Dès lundi, je prendrai mes fonctions de Directrice de la chaîne à San Francisco. Pas mal comme promotion, non ? Je souris en dégustant mon café. La vie est belle.  Depuis que j’ai cessé de courir le monde, je n’ai jamais eu d’autre motivation que d’établir ma carrière dans la ville où j’ai élu domicile il y a 6 ans de cela. C’est maintenant chose faite. J’ai 36 ans et je suis parvenue à mener ma vie professionnelle comme je l’entendais et comme je la voulais. Je sais désormais qu’il ne me reste plus qu’à…

Le téléphone. Belle invention que cet outil de malheur ! ! ! Toujours à sonner quand vous êtes occupé à faire autre chose. Vous n’avez jamais remarqué qu’il vous rappelle sa présence quand vous dormez, quand vous êtes sous la douche ou aux toilettes, quand vous faites l’amour, bref, toujours au mauvais moment. J’étais en train de planifier mon avenir, tout de même ! ! ! Bon, je décroche.

 

« Oui ? »

« Anna ? Je ne te réveille pas, au moins… »

« Bonjour, maman ! Non, tu ne me réveilles pas ! Qu’est-ce qu’il se passe pour que tu m’appelles de si bonne heure ? »

« Rien du tout. Je voulais juste te dire bonjour avant de partir travailler. »

« Et c’est tout ? ? ? »

« En fait, non ! »

« Je m’en doutais…Alors, c’est quoi ? »

« Comme tu le sais, je prends ma retraite à la fin de la semaine prochaine. »

« Oui. Et ? »

« Eh bien, avec ton père, nous organisons une petite soirée à l’occasion. Nous avons pensé que tu serais peut-être encore sur Washington à ce moment-là et que tu pourrais te joindre à nous… »

« Maman…Vas droit au but, pour une fois ! ! ! Qui veux-tu encore me présenter ? »

« Mais personne, ma chérie ! C’est juste une soirée entre amis… »

« Bien sûr ! Et parmi vos amis, il n’y en a aucun qui aurait la quarantaine et qui serait célibataire… ! »

« Je ne sais pas, peut-être…Je n’ai pas vérifié l’état civil de tout le monde, figures-toi ! »

« Ca serait vraiment une première, ça ! ! ! D’habitude, quand tu m’invites à l’une de vos soirées, tu sais généralement tout de tous. Et il y a TOUJOURS un célibataire charmant qui traîne dans le coin ! ! ! »

« C’est que tu nous inquiètes… »

« Ben voyons ! Ecoutes, maman, ne t’en fais pas pour moi. D’accord ? Je n’ai que 36 ans et mon horloge biologique n’est pas encore complètement détraquée. Et puis, il y a Mike qui vous a donné 2 beaux petits-enfants ! Ne soyez pas trop exigeants ! ! ! Lui, il y a mis le temps que je n’ai jamais eu. Mais, ça va changer sous peu. »

« Tu repars à San Francisco ? »

« Oui, vendredi matin. Et c’est définitif. »

« Tu veux dire qu’ils t’ont nommée Directrice de la chaîne à San Francisco ? C’est ça ? »

« Exact. J’ai eu la promotion ET la mutation tant attendue. »

« Tu dois être heureuse, alors… »

« Je le suis plus que jamais, maman. Et je le serais encore davantage si papa et toi décidiez de venir vivre en Californie. »

« Nous l’envisagions plus ou moins depuis un certain temps. Mais il est vrai que ta nouvelle situation va sans doute nous amener à prendre plus rapidement notre décision. »

« D’autant que vous pourrez voir Mike et les enfants plus souvent… »

« Nous pourrions nous installer entre Los Angeles et San Francisco ? »

« Bonne idée ! »

« Bon, je vais en parler très sérieusement à ton père dès ce soir. En attendant, je suppose que ta réponse est négative pour la soirée… »

« C’est à dire que…je ne sais pas, maman ! Je vais essayer de venir si cela vous tient tellement à cœur ! Mais je t’avertis : pas de coup en douce ! ! ! Promis ? Sinon, je repars illico ! »

« Promis, chérie ! Si tu décides de venir, je ferais en sorte que tous les hommes présents soient accompagnés ! ! ! »

« OUF ! Merci. Tu marques un point… ! »

« Bien, je vais te laisser. Il faut que j’y aille. J’ai deux patients difficiles à voir aujourd’hui. »

« Bon courage, maman. Embrasse papa de ma part. »

« Je n’y manquerai pas. Bonne journée à toi aussi, ma puce. »

« A ce soir. Je t’appelle. »

« OK, à ce soir ! ».

 

Sacrée mère que la mienne, quand même ! Ce petit bout de femme, dont le point culminant se situe à 1m50 du sol, est psychothérapeute dans un Centre de détention près de New-York. A 59 ans et des poussières, je crois qu’elle a mérité amplement de pouvoir jouir d’une retraite que mon père, plus âgé, a prise depuis 4 ans. Lui était courtier en assurances. Ensemble, ils ont nous élevés, Mike et moi, dans le plus pur respect des lois humanitaires. Nous n’avons pas reçu d’éducation religieuse au sens propre du terme, mais ils nous ont appris les vertus de l’amour et de la tolérance. Ils nous ont également forcé à être curieux, à sans cesse nous interroger sur ce qui nous entourait et à ne jamais rien prendre pour argent comptant. Si mon frère n’a fait que peu d’usage de cette éducation pour le moins marginale aux yeux de certaines communautés, j’en ai pour ma part tiré le meilleur. C’est ce qui a décidé de ma vocation, tout autant que ma personnalité. Et c’est ainsi que je suis devenue journaliste et reporter. Si mes débuts furent « houleux », je n’ai jamais véritablement regretté ce choix. J’ai visité plus de pays en 10 ans que certains en toute une vie. Ce n’est pas rien !

Le temps de prendre ma douche, de m’habiller, et je constate qu’il est déjà 8h. J’ai ½ heure pour me rendre au boulot. Pas le temps de traîner à attendre un taxi ou à m’agglutiner dans les rames de métro. J’opte pour ma voiture, c’est plus simple. De plus, je connais des raccourcis que les chauffeurs de taxis n’empruntent jamais.

8h25. Je suis dans le parking de la « National Geographic Channel ». Je prends l’ascenseur direction le 15ème étage. J’entre dans mon bureau à 8h30 précises. Si ce n’est pas de la ponctualité, ça ! ! !

 

« Bonjour, mademoiselle Thorp ! Bien dormi ? »

« Bonjour, Ted ! Très bien dormi. Et toi ? »

« Seul…Anna…Toujours seul ! Quand vas-tu te décider à venir réchauffer mes nuits de ta présence ? »

« Probablement pas avant un bon demi siècle ! Tu n’as plus qu’à prendre ton mal en patience ! ! ! »

« Tu es dure avec moi ! Tu sais très bien que dans un demi siècle, j’aurai plus de 100 ans ! »

« Alors…Bon, quoi de neuf ce matin ? »

« Robert nous attend en salle de réunion à 9h pour, je cite : « préparer le prochain départ d’Anna ». A ton avis, ça veut dire quoi ? »

« Selon moi, je pense qu’il va donner le nom de l’heureux veinard qui va prendre ma place ici. »

« Et qui est-ce ? »

« Aucune idée ! »

« Anna….Ne me prends pas pour un bleu ! Je sais que Robert te l’a dit ! »

« Ah oui ? Et depuis quand te métamorphoses-tu en souris ? »

« Pfff…T’es pas drôle ! Et ce n’est pas en souris mais en moustique ! ! ! »

« Attention, Ted, je te rappelle que ma mère est psy ! ! ! »

« Et bientôt à la retraite… »

« Oui mais d’ici là, elle a le temps de venir t’offrir une petite séance gratuite…Tu as pris tes pilules, ce matin ? »

« Lesquelles ? Les rouges, les bleues ou les blanches et jaunes ? »

« Toutes ! Vu ton état…Faut au moins ça ! »

« Bien, je constate que tu es en grande forme ! On se retrouve chez le boss dans 20 minutes ? »

« A plus… »

 

Ted parti, j’allume les écrans de télévision qui jonchent mon bureau. Images sans le son, sinon, ce serait la cacophonie ! La pendule indique 8h47. Ai-je le temps d’aller me chercher un café ? Oui. Je suis de retour 5 minutes plus tard.

 8h53. Tous mes écrans me renvoient une seule et même image : un avion s’est encastré dans la Tour nord du Wall Trade Center à New-York. C’était il y a 5 minutes. Je reste là, pétrifiée, stupéfaite, interdite, la bouche bée devant un spectacle aussi inouï. Mon café entre les mains va certainement refroidir. Je n’en ai plus envie. Mes neurones tournent au ralenti. C’est comme ces films catastrophes dont nous sommes, nous, Américains, d’ordinaire si friands. Sauf que, d’habitude, cela se passe dans la fiction. Comment diable un avion peut-il s’être crashé dans une ville ? Une ville comme New-York ? Mon téléphone sonne. C’est Robert. Lui aussi a vu ce qu’aucun d’entre nous n’avait jamais osé imaginer. Les nouvelles vont vite, dirait-on, parce qu’une troupe s’est formée autour de mon bureau et regarde, hallucinée, les images renvoyées par les écrans télé. Personne ne comprend, c’est sûr, ce qu’il vient d’arriver. Nous avons quasiment tous des proches vivant à New-York. Je pense surtout à la jeune Jessica, notre standardiste, qui vient de fêter ses 22 ans et dont le petit ami, Jeffrey, travaille dans cette fameuse Tour nord, au 71ème étage. Je pense aussi à mon père dont les bureaux étaient situés au 59ème étage de cette même Tour. Si lui n’y travaille plus, il y a gardé de nombreux contacts avec d’anciens collègues devenus amis. J’en connais certains, tels que Ron Sheffield ou Susan Parker. Ils sont les amis de mes parents et nul doute qu’ils étaient conviés à la soirée de vendredi prochain. Je dis « ils étaient », car il me paraît peu vraisemblable que cette soirée ait désormais lieu. D’autant que d’après les images, l’avion aurait percuté approximativement le 60ème étage du building. Comment imaginer dès lors qu’ils aient pu s’en sortir ? J’ai un horrible pressentiment.


17/07/2008
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