Celine Elias à l'écrit

Celine Elias à l'écrit

Au Pair In America

« L’homme peut s’expatrier, mais il ne peut pas se « dépatrier » »

     Roger Martin Du Gard

 

 

 

En janvier 1990, je pris la décision de m’envoler vers les Etats-Unis. Il fallait que je parte loin de mon cocon familial que je pensais oppressant, loin de tout ce qui avait été ma vie pendant ces 23 ans. Je prenais la fuite sur un coup de tête. Je pris contact avec une Association qui s’occupait de placer des Jeunes Filles Au pair dans des familles américaines. J’eus deux entretiens avec cette Association, afin qu’ils puissent juger de mon niveau d’anglais. Puis, mon niveau leur paraissant largement suffisant, je dus remplir une tonne (j’exagère, ok !) de paperasse qui constituait le dossier envoyé aux familles américaines en attente de « Au pair ». Peu après mon 23ème anniversaire, une famille du Massachussetts me téléphona. Notre premier contact fut excellent et nous prîmes la décision conjointe d’en rester là dans nos recherches respectives. Ils me voulaient et je n’étais pas contre. Le temps pour moi de refaire faire mon passeport, d’obtenir mon visa – avec le feuillet rose pour preuve de mon immigration non clandestine mais d’immigration temporaire pour raisons professionnelles – et je quittais la France par un froid matin de février 1990. Je partais pour une longue année.

 

Mais laissez-moi tout de même vous raconter les conditions d’engagement pour être Jeune Fille Au Pair aux USA !!!

En dehors des entretiens préalables, le dossier à remplir comportait tout un tas de pages dont plusieurs sur la santé des candidats à l’exil. Tout était passé en revue : origine sociale, maladies infantiles, vaccins, etc. Je dus même produire un Certificat Médical et faire remplir des questionnaires pointus à ceux qui, par le passé, m’avaient embauchée comme baby-sitter. Rien n’était laissé au hasard, ce qui conférait à l’Association un certain sérieux. Disons que, jusque-là, je trouvais ces mesures plus ou moins normales. Or, pour vraiment s’assurer de la motivation des candidats à demeurer pendant un an aux Etats-Unis – j’émettrais des objections à ce sujet plus tard -, il fallait verser la modique somme de 3 000 F en gage de bonne volonté. Ces 3 000 F devaient servir accessoirement de paiement du voyage aller/retour et devaient être rendus au terme du contrat d’un an. Si le contrat était rompu avant son terme, les 3 000 F étaient perdus.

De toutes façons, quand je m’engageais à partir pour un an, ce n’était certes pas pour rentrer au pays plus tôt que prévu. Je m’imaginais presque pouvoir m’installer aux Etats-Unis et y faire ma vie. Je ne connaissais pas l’Amérique !

Enfin ! Mes parents versèrent la somme requise et payèrent également mon transfert de Bordeaux à Londres, point de ralliement pour tous les candidats en exil. L’Association ne prenait pas en charge le pré-acheminement du domicile à Londres.

Ce fut beaucoup d’argent déboursé en peu de temps pour me permettre d’assouvir une de mes lubies !!! De plus, j’avais décidé, de ma propre volonté, d’arrêter de fumer le jour même de mon départ.

 

Et donc, le 19 février 1990, à environ 6h du matin, je me séparais de mes parents à l’aéroport de Bordeaux-Mérignac après avoir fumé ma dernière cigarette…celle des condamnés !

Une heure plus tard, j’atterrissais à l’aéroport d’Heathrow à Londres (je le connaissais déjà, celui-là !) où d’autres filles au pair en partance me rejoignirent bientôt.

J’y fis la connaissance d’autres françaises, comme Emmanuelle, et d’allemandes (je parlais encore vaguement allemand) que je ne revis jamais par la suite. Toute la matinée se déroula au cœur de cet aéroport avant que nous eûmes toutes (il n’y avait aucun garçon) été réunies pour embarquer à bord de l’avion, direction New-York City. La scène de l’embarquement fut épique. Les douanes anglaises ne plaisantent pas avec l’immigration et la sécurité ! Ils nous posèrent des tas de questions sur les raisons de notre voyage, qui avait fait nos bagages, ce qu’il y avait dedans, etc., pour, au final, monter dans l’avion de la défunte Pan Am après deux heures interminables.

Mais une fois dans l’avion, aux alentours de 13h45, nous dûmes encore et encore attendre. Quoi ? Une panne radio empêchait le décollage. Pas de chance !

Quand, enfin, l’avion quitta le tarmac, il était (heure de Londres) près de 16h30. Nous venions de passer un peu moins de 3h dans un avion, assis à nos places, à attendre. Ce fut long, très long !

 

Après 8h de vol sans encombre (encore heureux), nous finîmes par atterrir à l’aéroport JFK (= John Fitzgerald Kennedy) de New-York. Dans la cohue du débarquement, j’ai du perdre mon appareil photo. Ou on me l’a volé, dans l’avion, ce qui est idiot vu son peu de valeur marchande !

Mais nous n’étions pas au bout de notre attente. Soit, nous étions enfin sur le sol Américain. Si les frontières Françaises sont pour le moins étanches, on comprend aisément que celles de nos « voisins » (par voie maritime, depuis Lacanau-Océan, ce sont nos plus proches voisins !!!) d’outre atlantique puissent l’être moins ; d’autant plus que, depuis l’intronisation de la Statue de la Liberté comme figure emblématique d’un pays qui ne doit absolument rien au respect de ladite liberté (nous y reviendrons ultérieurement si vous le permettez), l’immigration aux USA est devenue l’espoir d’un nouvel Eldorado pour les uns, et, pour les implantés, une insupportable cause de chômage et d’exclusion sociale. Quiconque pénètre sur le sol Américain se doit d’avoir de bonnes raisons pour ça. On ne plaisante pas avec l’immigration là-bas ! D’où 2h30 de palabres en tous genres avant d’être autorisés à ne pas prendre le vol en sens inverse. Quel périple !!! Si l’on fait le décompte exact de ma journée du 19 février 1990, sans tenir compte des décalages horaires, on s’aperçoit que j’ai passé plus de temps à attendre qu’à voyager. C’est un comble, non ?



17/07/2008
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