Celine Elias à l'écrit

Celine Elias à l'écrit

POUR QUOI ?

 

Une semaine de « Je suis Charlie » plus tard, j’interroge nos consciences. Qui sommes-nous si nous défendons 17 morts en France et que nous ne bougeons jamais le doigt sur le stylo, le crayon ou la souris d’ordinateur pour défendre ceux qui meurent chaque jour depuis des mois ou des années dans l’indifférence totale ?

 

J’ai brandi mon « Je suis Charlie » en avatar sur Facebook et Twitter. Je suis allée dans la rue ce dimanche. Non en mémoire de gens dont j’appréciais la liberté de penser mais parce que j’ai cru, naïvement, que je pouvais défendre une certaine idée de la liberté, de l’insolence, de l’humanité. J’ai cru que ce mouvement national quasi unanime allait donner de l’élan à des élans plus concrets, à de vrais combats sur des terrains autrement plus dangereux que Paris, afin d’éradiquer ou commencer à le faire, ceux qui ne respectent aucune religion sinon…celle qu’ils se sont inventée. Pour eux. Pour satisfaire leur narcissisme et leurs ambitions. Et je ne parle pas là des petits soldats qui suivent les décideurs. Je ne parle pas des coupables frères Kouachi, bras armés d’une guerre qu’ils n’ont pas comprise. Je ne parle pas d’Amedy Coulibaly qui n’a jamais rien compris à rien sinon à la médiatisation. Ces gars étaient perdus de toute façon car personne ne pouvait plus les récupérer. A qui la faute ? Messieurs les psys, tirez les premiers !!! Ils sont allés au plus facile. Au plus radical. Celui qui leur expliquait en quoi leurs maux et tous leurs problèmes étaient liés à deux engeances : les Juifs et la Presse qui poussait les gens à se moquer de leur prétendu prophète.

 

J’en ai assez des barbus ! Je suis une femme et je n’aime pas les poils qui m’irritent la peau. J’ai le droit de le dire, ça ? J’en ai assez de ces gars qui sous prétexte que leur religion est désormais plus que tolérée partout, m’obligent à me cacher pour déjeuner tranquille pendant le Ramadan ou à acheter un poulet 3€ plus cher car il est…comment ils disent déjà ? Ah oui : halal ! Je n’ai jamais mangé halal, casher de mon plein gré. Je l’ai eu fait car quand on vit quelque part, on mange ce qu’on nous donne. J’ai toujours appliqué le respect des coutumes des pays où je me rendais. Par respect. Et un peu de curiosité aussi. Mes papilles sont très curieuses. J’ai le droit d’être curieuse ?

 

Et puis, il y a la liberté. Celle de ne pas concevoir qu’on m’en prive. Celle de penser que j’ai peut-être tort mais qu’elle me convient car je n’ai jamais vécu sans. Ici, en France, on a depuis longtemps lutté pour vivre dans un pays laïc où tout était respecté à condition que ceux que l’on acceptait nous respectent aussi. Ai-je le droit aujourd’hui de dire que je refuse à des fous de me dicter ma façon de vivre ? De leur dire que je vomis leurs idées ? De proclamer haut et fort que je me mettrais aux armes si je devais défendre un jour prochain ma liberté de n’avoir aucun culte sinon celui de l’humanité ? Née sans religion, je le suis restée. Je suis athée et de plus en plus fière de l’être.

 

Je n’ai pas choisi mon pays mais j’aime ce qu’il représente. En général. Depuis quelques jours, je suis sceptique cependant.

 

Tous ceux qui ont braillé et défilé sous le nom de Charlie, se prétendant humanistes voire pire, humanitaires, où sont-ils désormais ? Quand l’Afrique meurt sous les mêmes balles que celles qui ont servi à Paris, pour les mêmes obscures raisons tendant à servir la cause d’une poignée d’illuminés dignes d’Hitler, avec les mêmes soldats dont les cerveaux ont été lavés dès le plus jeune âge de tout ce qui pouvait encore les relier à la liberté de penser, à l’esprit critique tout du moins. On prend des désoeuvrés, laissés pour compte de la société et on leur dit que tout est de la faute des autres. Les autres…nous…vous…ceux qui ne pensent pas de façon inique. Hitler s’était servi de ça dès 1930. On a vu le résultat.

 

Quand on vous dit ce qu’il se passe en Afrique, cela ne fait frémir personne. Ou presque. Quand on vous dit ce qu’il se passe au Moyen-Orient, c’est pareil. Comme si les populations étaient responsables de tout ça. Comme si nous accusions le peuple allemand pour hier. Le peuple est le premier à souffrir. Toujours. Si la communauté internationale aujourd’hui en place laisse faire, le peuple se meurt et les armées se mettent en place, prenant de plus en plus de place, acceptant de perdre des combattants au nom de la cause. Et si personne ne se donne la main pour combattre leur cause, demain…demain matin…ils seront partout. Des tas de frères Kouachi et d’Amedy Coulibaly vont naître ou fleurir si nous n’intervenons pas rapidement. Très rapidement. 3 soldats sont tombés et ont fait 17 victimes en France. La France s’est soulevée. Elle a crié de concert qu’elle n’acceptait pas cela. J’attends désormais des presque 4 millions de personnes descendues dans les rues et des encore plus nombreux qui n’ont pas osé ou pas pu le faire, de dénoncer systématiquement tous les crimes commis au nom de causes que nous ne pouvons pas défendre si nous défendons les libertés humaines. Pas deux poids et deux mesures. On ne peut pas être humaniste pour 17 et indifférent pour des centaines de milliers.

Nous qui sommes Charlie, n’oublions pas les autres. Les anonymes. Luttons, oui, mais pour éradiquer la folie. Nous n’avons pas le droit de permettre ça de nouveau. Il en va de notre responsabilité pour les générations à venir. 

Céline

 

 

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